L'effet des festivals de musique du Kenya sur la qualité et les standards de musique chorale
Sylvester Otieno Ogama, compositeur et chef de chœur, Kenya
Introduction
Les festivals de musique au Kenya continuent à offrir des possibilités de présentation de spectacles artistiques et culturels qui encouragent et promeuvent l’étude, la pratique et le développement de la musique, de la danse et de l’élocution. Les chorales profitent de ces évènements pour mettre en scène des thématiques qui non seulement font progresser les objectifs des institutions qui les parrainent, mais abordent également les questions émergentes tout en divertissant le public. En retour, les compositeurs attendent avec impatience une évaluation artistique crédible de ces éléments et toutes les recommandations instructives nécessaires pour progresser, quelle que soit la valeur chiffrable attribuée aux représentations chorales. Par conséquent, en utilisant des terminologies définissables, cohérentes et vérifiables, les remarques des jurés contribuent grandement à façonner la qualité et les normes des compositions qui doivent soit passer au niveau supérieur du festival de l’année, soit être rédigées pour le prochain festival après le niveau national. Ces remarques améliorent également la qualité des performances chorales si elles sont bien interprétées. L’arbitrage est simplifié grâce aux ateliers annuels des arbitres et des formateurs où plus de dix mille participants sont guidés sur l’analyse systématique de la composition, la fourniture de commentaires instructifs et l’évaluation des performances.
Les critères du festival
Le Festival de musique du Kenya, qui relève du Ministère de l’éducation, a défini deux catégories principales de compositions, à savoir les compositions originales basées sur le thème choisi et les compositions spéciales basées sur des thèmes fournis par divers sponsors. Le critère exige que la musique soit écrite en langue vernaculaire, en kiswahili ou en anglais ; la pièce doit avoir un texte sacré ou profane, et être spécifique au genre en termes de voix (SSA, TTBB ou SATB); la composition standard pour les chœurs composés de 36 à 42 membres ne devrait pas dépasser 4 minutes, tandis que la composition préalable pour les chœurs de 48 à 60 membres devrait durer entre 6 et 9 minutes sur scène; les artistes interprètes ou exécutants doivent appartenir aux établissements d’enseignement qu’ils représentent ; une partition doit être fournie aux jurés à l’avance, etc. Étant donné que le KMF est un événement gigantesque qui accrédite et promeut des musiciens, de nombreux compositeurs et chefs prennent le temps de participer et, par conséquent, ont tendance à transférer ces normes à d’autres festivals existants par le biais d’ateliers et de représentations.
Prise en compte des quatre niveaux opérationnels de la musique
L’évaluation constante de la pertinence de la musique en termes de médium, de genre, de forme et de texture a permis aux compositeurs de prendre conscience de l’importance de ces considérations lorsqu’ils préparent leur musique pour le KMF. En conséquence, il existe une bonne variété de musique pour toutes sortes de chœurs.
Utilisation des éléments musicaux
L’art de composer de la musique dépend en grande partie de la façon dont certains outils sont utilisés de manière appropriée pour rassembler des idées dans une chanson. Étant donné que tous les compositeurs au Kenya ne sont pas des compositeurs de musique majeurs, KMF continue à offrir des opportunités de partage d’idées et de connaissances. Aujourd’hui, de nombreuses chansons présentées au festival reflètent une utilisation appropriée des éléments rythmiques, mélodiques, harmoniques, dynamiques, formels et textuels comme c’était le cas auparavant. La même musique est également utilisée pour d’autres événements.
Adhésion aux principes de composition
Les principes de composition sont des outils ou des dispositifs qui aident à organiser les sons et les éléments de la musique en œuvres cohérentes. Les compositeurs du KMF sont constamment encouragés à adhérer à des principes tels que la variété des idées, la répétition significative, l’équilibre harmonique et formel, la sensibilité à l’acoustique en ce qui concerne la direction, les aspects de tension et de résolution, les transitions bien pensées et l’unité de but. Par-dessus tout, on considère que c’est l’interaction, et non l’isolement, des éléments individuels et des principes de composition qui rend la musique agréable. Des compositeurs comme Henry Wanjala, Sylvester Otieno, Fredrick Ngala, Timothy Njoora, Humphrey Kisia, Franklin Etyang, Esther Buyekha, Jackline Bulinda, Joyce Mochere, Melitus Wanyama, Wilson Shitandi, Gabriel Musungu (décédé), Boniface Mghanga (décédé), Sammy Otieno (décédé), Arthur Kemoli (décédé), Okuku Zalo (décédé) et beaucoup d’autres ont écrit de la musique ingénieuse pour les festivals et la pédagogie.
Préparation des chœurs
Grâce aux différents ateliers du KMF, les formateurs de chœur sont guidés sur la façon de mener des auditions efficaces pour déterminer l’aptitude musicale des chanteurs à recruter dans le cadre de la chorale du festival. L’accent est mis sur la tessiture vocale, le sens de la hauteur et du rythme, l’énergie vocale, le phrasé et l’expression appropriés, la vigilance et le contrôle, le mélange tonal, l’équilibre choral et la diction appropriée, etc. D’autres facteurs tels que l’âge, le sexe, le nombre de chanteurs par pupitre, la langue et le texte préférés de la chanson, la structure et la musicalité de la pièce comptent également beaucoup.
Performances chorales comme moyen ludo-éducatif
Étant un événement éducatif, les représentations doivent être décentes et refléter les techniques et les normes chorales appropriés. Les chorales intervenant dans le KMF travaillent dur sur leur:
- Intonation: Les chefs travaillent dur pour s’assurer que les aspects de la qualité de la tonalité, de la hauteur, du mélange et de l’équilibre sont abordés avec soin. L’intonation est considérée comme l’une des marques les plus évidentes d’un bon ou d’un mauvais ensemble
- Technique vocale: Les chanteurs améliorent constamment leur articulation, leur précision rythmique, leur fluidité, leur flexibilité, le contrôle de leur respiration, ce qui contribue à une meilleure valeur chorale.
- Ton: Défini comme un son ou un timbre agréable à l’oreille. Les mots associés à ce terme pourraient être “uniformité” et “direction”. Le jury encourage la coordination des sons individuels afin de créer un mélange efficace dans le chant d’ensemble.
- Intégrité rythmique et interprétation: Style, tempo, phrasé, contrat dynamique, etc. “L’intégrité” s’applique à une sensibilité au pouls principal de la musique. Trop de précipitation et de ralentissement qui ont tendance à distraire d’une bonne communication de la musique sont découragés. Une attention appropriée est accordée aux subtilités du rythme afin de maintenir la cohésion et l’idiome.
- Effet musical et diction: Le jury met l’accent sur le phrasé et la sensibilité mélodique, l’art, l’expressivité et le sentiment musical, etc. Les interprètes sont persuadés de transmettre des sons verbaux précis dans le contexte de la ligne musicale parce que la diction est importante pour la communication de la chanson mais devrait faire partie de l’effet global de la performance.
- Musicalité: Sensibilité à tous les aspects de l’exécution afin de produire un résultat musical efficace: phrasé, dynamique (bon sens du chant fort et doux), attaque vocale : tout ce qui transmettra un sentiment de robustesse dans la performance et ne distraira pas l’auditeur. Cela devrait dépeindre la préparation mentale de l’interprète: les interprètes sont généralement guidés pour réfléchir soigneusement à la façon dont la musique devrait être faite.
- Valeur esthétique: Les jurés du KMF évaluent le travail dans son ensemble, évaluant l’effet esthétique et l’attrait au-delà de la simple compétence technique. Par-dessus tout, puisque le Kenya est une nation de danse, les chorales sont constamment encouragées à se produire d’une manière qui établit un équilibre sain entre les implications émotionnelles et physiques. Trop de danse qui n’est pas une expression émotionnelle de l’appréciation musicale est nulle et non avenue, aussi vigoureuse et décorée soit-elle.
Le KMF et l’essor des ensembles choraux
La plupart des groupes choraux exceptionnels au Kenya sont des produits du Kenya Music Festival. Citons parmi eux the Blend Ensemble-K et Talanta Afrika Singers de Sylvester Otieno, Nairobi Chamber Chorus de Ken Wakia, Star Chorale de Wilson Shitandi, Almasi Chorale de Elija Adongo, Nairobi Girls Chorale de David Isindu, African Cultural Choir de Joseph Muyale, Sifa Melodies de William Akunda, Bel Canto d’Abbey Chokera, Redforth Chorus de Filah,Coast Chorus de Philip Mbiji etc. Tous ces groupes et bien d’autres contribuent également à l’adhésion et à la qualité de diverses chorales d’église au Kenya en plus d’être bien actifs avec les chorales scolaires. Il est agréable de noter que la musique chorale kenyane et les groupes d’interprétation sont de plus en plus demandés à l’échelle internationale.
Sylvester Otieno Ogama est un compositeur et chef de chœur renommé basé à l’Université Kenyatta. Il intervient en tant que juré de festivals de musique et est actuellement président de l’Organisation chorale des organismes parapublics, des ministères, des entreprises et des comtés au Kenya (PAMICCCO). On peut le joindre sur silvo2009@hotmail.com
Traduit de l’anglais par Barbara Pissane, relu par Jean Payon