Grande Musique Chorale dans un Petit Pays : Conversation avec le Compositeur Lituanien Vytautas Miškinis
Par Cara Tasher, chef de chœur et enseignante
Cara Tasher : À quoi cela ressemblait-il, de grandir en Lituanie ?
Vytautas Miškinis : Enfant je vivais dans le joli village de Zervynos, dont la moitié des habitants étaient de la famille de ma mère. C’était une vie tout à fait ordinaire, si ce n’est les responsabilités que j’occupais en étant si jeune. C’est là que je suis allé à l’école, avant de commencer ma seconde année dans la capitale, Vilnius. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé le chant; peu importait le lieu et l’heure : pendant les repas, dans la forêt, dans la salle de bains… Mes parents ont très vite remarqué mon intérêt et m’ont inscrit dans le chœur pour garçons; c’est à partir de là que mon éducation musicale a officiellement commencé. J’ai réussi facilement les classes, ce qui a attiré l’attention du chef. C’est lui, M. Perelstein, qui m’a orienté et guidé le long de cette route et auprès de qui j’ai acquis toutes mes connaissances musicales. Je me sentais fier de prendre des cours particuliers de musique, tout comme l’avaient fait les grands Mozart, Bach, Bruckner et Elgar. En fait, la plupart des choses que j’ai apprises et réalisées musicalement parlant, c’est sous la direction de Perelstein dont la personnalité m’a beaucoup impressionné. À 17 ans j’ai intégré l’Académie de Musique et suis devenu le chef assistant, et à l’âge de 21 je suis devenu le deuxième chef du chœur régional officiel de Kaunas. Plus tard, 25 ans après, j’ai occupé le poste de Directeur artistique du chœur de garçons après que mon prédécesseur Perelstein ait quitté la Lituanie pour les États-Unis. Peu après, j’ai fondé l’école de musique d’Azuoliukas. Tout ce qui est relaté ci-dessus a l’air d’une biographie simple; pourtant l’environnement insulaire dans lequel nous avons vécu était vraiment très complexe : nous avons été interdits de représentations à l’étranger par le gouvernement, et la diffusion d’informations musicales était très restreinte. Il y avait des manuels musicaux politisés, et l’étude d’une langue étrangère était l’un des seuls moyens de se former à la littérature musicale d’autres cultures.
Critiques à part, l’enseignement et la formation professionnelle liées à la musique constituaient pour le gouvernement une priorité. La pyramide de l’apprentissage professionnel fonctionnait bien : école de musique, collège musical (équivalent de l’actuel Conservatoire), École Supérieure de musique (actuel Académie). En ce temps-là on garantissait à un diplômé de l’Académie le droit au travail, tandis qu’aujourd’hui c’est une question de chance personnelle. A l’époque aussi les vacances d’été des enfants étaient prises en charge par l’État et les parents qui travaillaient pouvaient se permettre d’envoyer leur enfant dans les premiers stages du genre, bien équipés, où soins, nourriture, logement, sports et loisirs assuraient repos et vacances. Malheureusement vu les coûts actuels pour l’enseignement, ces stages estivaux sont trop onéreux pour de nombreuses familles et sont souvent considérés comme un luxe. Avec la disparition de ce réseau de stages organisés par l’État, j’ai la fierté d’organiser des sessions qui accueillent chaque été 130 jeunes garçons choristes; la durée des stages est toutefois moindre, et le prix demeure moins abordable pour de nombreuses familles. Cependant, ne prenez pas mes mots pour de la nostalgie du temps passé : nous vivons dans une société « moderne » où la richesse dépend de la rentabilité économique. Pour terminer, je souhaite citer une phrase romaine antique : « Si vous ne connaissez pas la musique, vous êtes plébéien ». La musique est devenue de plusieurs manières l’objet de besoins hédonistes, plutôt que de faire partie de l’enseignement de l’esthétique. Quelle tristesse ! Aujourd’hui l’enseignement est moins subventionné et la participation aux activités chorales en milieu scolaire n’est plus obligatoire ! Ainsi, la loi stipule que le Ministère de l’Éducation et des Sciences régit les programmes et les écoles sont financées et entretenues, mais les municipalités contrôlent leurs fonctions. Tels sont les changements à l’ère du capitalisme.
CT Parlez-nous de votre nouvelle approche de la musique après 1990, si nouvelle approche il y a eu : a musique chorale et l’enseignement musical ont-ils changé ?
VM Par le passé il n’existait pas de budget pour l’enseignement de la musique chorale pour prouver la supériorité du système d’éducation soviétique par rapport aux normes occidentales, puisqu’il s’agissait de secteurs où l’approche politique pouvait être appliquée : il était plus facile de contrôler les masses qu’une seule personne. Aussi, la participation de masse à des chœurs et à l’enseignement musical était fortement encouragée, et il y avait même un poste officiel de coordonnateur du développement de l’art et de la culture de masse. Comme vous le savez peut-être, outre l’art professionnel beaucoup d’attention était portée à l’entretien et au développement des arts amateurs. Sous le pouvoir soviétique, un large réseau d’écoles de musique pour enfants s’est développé et a fonctionné entièrement par les fonds publics. Généralement, la participation des travailleurs était encouragée et financée par des sociétés dans les chœurs, des groupes de danse, des groupes folkloriques ou des orchestres, et quelques lieux de travail créaient leurs propres centres culturels. La participation à la musique et à l’enseignement étaient considérés comme obligatoires.
Heureusement, en marge du régime soviétique beaucoup de choses positives ont émergé. Par exemple l’enseignement musical était dispensé de l’école maternelle à l’enseignement secondaire, et il était obligatoire pour les écoles d’avoir un chœur, un orchestre ou un groupe de danse. Malheureusement, après le retour à l’indépendance de la Lituanie, le réseau d’enseignement musical a été anéanti, non seulement en raison du manque de fonds pour l’entretien de tous les établissements d’enseignement culturels, mais également afin d’effacer et de détruire tout souvenir du régime soviétique. Assez tristement, aujourd’hui encore des concepts tels que « le système soviétique de l’enseignement », « l’héritage soviétique » ou « le réseau soviétique » sont en partie associés à l’art, en grande partie parce que le réseau d’art amateur a été entièrement sponsorisé par les anciens syndicats. Malheureusement, avec le retour de l’indépendance, ils ont été détruits pour des raisons politiques.
Quand la Lituanie est devenue membre de l’Union européenne, étonnamment, le soutien partiel des structures fortement développées et saines est maintenant de nouveau régénéré. Ceci semble paradoxal alors que des normes européennes s’adaptent et assortissent le système éducatif lituanien, sans compter le développement culturel de la Lituanie au niveau national et individuel. Malheureusement, les modèles de vie « modernisés » actuels sont intégrés selon les normes globalement modelées de l’UE..De même, le puzzle principal d’identité culturelle semble être : comment protéger et conserver les éléments traditionnels qui ont fait leurs preuves au fil du temps ?
CT Comment les traditions de la musique chorale lithuanienne ont-elles pu demeurer vivantes?
VM Pour être tout-à-fait franc, l’opposition ouverte au pouvoir soviétique n’a jamais été frontale puisque c’était dangereux, risqué ou simplement impossible. Le festival national de chant et de danse offrait l’opportunité de préserver une tradition de l’héritage culturel du pays. Quant au répertoire du festival, personne n’osait remettre en cause son contenu : en général, tout ce qui ne s’opposait pas à l’idéologie du système soviétique était accepté. Le chant et la danse folkloriques étaient particulièrement appréciés car ils venaient en support de l’identité nationale; le répertoire devait cependant être internationalement varié, il consistait souvent en de la musique lituanienne, russe, lettone, estonienne ou toute autre musique étrangère exécutée dans sa langue d’origine, puis traduite en russe et en lituanien. Comme la Lituanie était un pays bilingue, le russe et le lituanien étaient obligatoires et le lituanien était toujours une priorité pour les autochtones dont c’était la langue maternelle : on l’enseignait à l’école, on l’utilisait en public, et il était considéré à plusieurs titres comme la langue maternelle. Les Soviétiques avaient peur et refusaient le modernisme car qu’il était associé à l’influence occidentale, ce qui pour les Soviétiques signifiait le capitalisme – un grand mal qui s’opposait aux principes de la société et de l’idéologie communistes.
En dépit de toutes les tentatives communistes pour limiter ou ignorer l’influence occidentale, il se développa rapidement sous la forme de déclaration réelle une pensée « cachée » illustrée principalement par la musique instrumentale. Sous la forme d’une quantité croissante de musique symphonique composée, de forts messages tacites ou d’idées non exprimées étaient ressentis comme cachés profondément dans la musique. En même temps, les idées communistes et l’éloge du régime aux termes des règles et des règlements établis étaient ouvertement énoncés et encouragées. L’art populaire lituanien n’opposait pas d’obstruction; de plus, il était toléré et même développé. En attendant, les intellectuels ont trouvé certains éléments de résistance nationale dans l’héritage ethnoculturel et ont facilement noté quelques éléments de résistance puisque le verbe est un outil puissant pour diffuser un message clair ; les textes des chansons ont exploité l’ambiguïté ou les éléments du langage d’Esope… Par exemple, dans la chanson populaire arrangée par M.K. Čiurlionis « Oh, vole, vole » le texte dit : « Oh, les cygnes volent, volent pour défendre la mère patrie et pour appeler les frères afin de…. ». Mais les censeurs des chansons populaires lituaniennes n’ont rien trouvé de spécifique à critiquer dans le texte, alors qu’il y était fait référence plus généralement aux idées cachées entre les lignes ou dans des ambiguïtés. Et si un compositeur satisfaisait le régime en composant au moins une chanson à la louange du système soviétique, il pouvait faire de la musique plus librement, car les censeurs ont favorisé ces compositeurs qui avaient démontré la loyauté du gouvernement et ont contrôlé moins sévèrement leurs travaux.
CT Votre élégance et votre fluidité, quel que soit le style, méritent d’être soulignés. De laquelle de vos œuvres êtes-vous la plus fière ?
VM J’ai écrit un grand nombre de chansons de genres et de styles divers ainsi que près de 800 œuvres chorales, et je suis particulièrement fier de mes ouvrages pour enfants sans compter les compositions de musique sacrée. Je suis tout spécialement satisfait de ma petite Messe pour deux pianos et trio de jazz que j’ai récemment arrangée pour orchestre. Puis de mon conte musical pour enfants « le conte sur la tendresse » dont le texte est basé sur le livre de l’auteur américain Steiner. J’arrange actuellement en allemand l’Évangile de la Passion selon St-Jean pour la cathédrale de Graz en Autriche [rôles de l’Évangéliste (ténor), de Pierre (ténor), de Jésus (basse), de la Servante (soprano) et chœur SATB a cappella (35 minutes)]. J’ai également écrit une version d’une heure, en latin, pour orgue et orchestre. Parmi les chefs européens, on me surnomme « Monsieur Cantate Domino » pour une raison simple : Cantate Domino est mon œuvre la plus fréquemment jouée et l’éditeur Carus Verlag la considère comme un best-seller. Je suis fier d’avoir écrit quelques chansons, et n’imagine même pas composer un morceau qui me discréditerait en tant que compositeur. En conséquence, je suis extrêmement prudent dans la publication de mes œuvres : au cas où mon travail deviendrait sans intérêt pour le public, je sauterais le pas de ne plus décevoir un auditeur par une nouvelle composition.
CT Votre production est très prolifique, pour un compositeur contemporain. Merci de nous parler de votre processus de composition et de ce qui vous inspire.
VM Ce qui ne cesse de m’inspirer, c’est la poésie. Je lis toujours beaucoup de textes poétiques, particulièrement des poésies pour enfants. Parfois le texte « m’illumine » spontanément, alors que d’autres fois je lui suis indifférent. C’est plus difficile avec les commandes, surtout lorsque le texte est donné et que le style est décrit. Heureusement, je suis assez rapide dans la composition, parce que je vis chaque minute de ma vie avec la musique dans la tête, dans mes pensées, et parfois dans mes rêves. J’essaye de noter ce dont j’ai rêvé avant que la vision ne s’estompe. Je tends à utiliser chaque minute de temps libre que je possède : autrement, je ne parviendrais pas à faire beaucoup de choses. J’écris en attendant l’avion, à bord d’un avion, dès que j’ai du temps libre au conservatoire, quand un étudiant ne vient pas à son cours de direction, à la maison, au travail, tout simplement partout. En 2012 j’ai reçu dix commandes chorales auxquelles je ne m’attendais pas. Je crée beaucoup sans but et direction précis, ce qui est utile pour exprimer mon individu personnel au travers de la musique. Les idées viennent parfois alors que je suis au volant : je m’arrête alors et je m’empresse de les coucher sur le premier bout de papier qui me tombe sous la main, puis je me précipite à la maison pour les exprimer en musique. Par exemple, j’ai créé de cette manière Cantate domino et plusieurs autres compositions. J’adore la nature : elle me recharge et dégage mon esprit de toutes les pensées négatives qui abondent dans nos vies. Quand je me sens triste, j’ai des chances de composer de la musique gaie. Quand je suis optimiste, de la musique nostalgique ou mélancolique me vient à l’esprit. Qui sait, peut-être ceci se produit-il en raison de l’équilibre dans la nature animale aussi bien que dans la nature humaine. Après la pluie, vous attendez que le soleil brille tandis que vous vous languissez, des moments de joie suivent la tristesse, et l’euphorie se calme tandis que le temps passe.
CT Lors des nombreux festivals choraux lituaniens, vous rencontrez les musiciens les plus doués de votre pays. La riche tradition chorale de la Lituanie a-t-elle aidé le pays à gagner la reconnaissance du monde entier ?
VM La Lituanie regorge réellement de talents : notre héritage ethnoculturel est très riche et abondant. Parmi les trois millions d’habitants, il y a un nombre significatif de chœurs et d’artistes professionnels dans beaucoup de domaines. Le mouvement choral est l’un des plus puissants qui existe : le chant a aidé les Lituaniens à résister aux vingt ans de pression de l’armée soviétique, et à attendre l’indépendance de leur pays. Ce n’est pas étonnant que l’on appelle révolution par le chant le phénomène selon lequel une chanson peut être plus puissante qu’une arme. Nous n’oublierons jamais la tradition des gigantesques festivals baltiques de chant que l’UNESCO a fièrement identifiés, en 2006, comme une pratique culturelle jugée « chef d’œuvre de l’humanité. » J’ai eu l’honneur de participer à l’élaboration, en 2008, d’une loi pour la pérennité du festival lituanien de chant. Le fait que trois chœurs lituaniens soient les lauréats du Grand Prix Européen est plus fort que des mots. Soit, nous admettons que nous avons aussi des problèmes, mais si nous comparons notre situation aux nombreux pays où le chant choral est moins promu, j’ose affirmer que notre situation est jusqu’ici assez bonne. Je me sens légitime pour faire des comparaisons puisque le Conseil choral mondial (World Choir Council), où j’ai l’honneur de représenter la Lituanie, étudie ces problèmes à l’échelle planétaire.
Nous avons beaucoup d’artistes intéressants de tous les genres : pop, jazz, et musique classique. Nous avons également beaucoup de compositeurs intéressants. Mais comment pourrions-nous faire connaître au monde leurs noms ? Le problème est qu’après avoir vécu pendant cinquante années derrière le « rideau de fer », nous étions inconnus pour la plupart des autres pays. Et comment pourrions-nous trouver un éditeur étranger qui croirait dans le talent d’un compositeur et souhaiterait promouvoir la musique lituanienne à l’étranger ?
Je suis très déçu de la situation actuelle; pourtant, j’en suis une heureuse exception : les meilleurs chœurs au monde jouent mes œuvres et me demandent de travailler pour eux. C’est un grand honneur et une grande joie, et dans le même temps, c’est une grande responsabilité que de représenter l’art lituanien.
CT Pour terminer, on vous a attribué en 2006 le prix du Lituanien Éclairé. Décrivez-nous le chemin parcouru vers cet éclaircissement, et dites-nous-en davantage.
VM On m’a octroyé ce titre pour mon travail avec les jeunes garçons. Je suis directeur artistique du plus grand chœur de garçons et de jeunes dans toute l’Europe, un ensemble composé de 450 chanteurs. J’aime plaisanter en appelant mes choristes « le chœur sexy 100% masculin ! ». L’ensemble comprend 8 groupes d’âges variés et 10 chefs assistants. C’est un ensemble complet avec un cycle d’études de huit ans où ils apprennent le solfège, l’histoire de la musique, la direction, et où ils travaillent leur propre voix ainsi qu’un instrument de musique de leur choix. Le chant choral est l’enseignement principal. La récompense accordée est la plus grande évaluation de ma capacité à favoriser l’intérêt pour la musique chez un si grand nombre de garçons qui consacrent leur temps à l’enseignement musical. En 2002 j’ai été nommé « meilleur auteur de l’année et compositeur dont les œuvres sont fréquemment exécutées à l’étranger »; en outre, ces dix dernières années, trois de mes œuvres ont été classées comme les pièces les plus souvent jouées par des chœurs en Europe. Le fait que je sois intéressant pour quelqu’un me rend heureux.
CT Merci de nous avoir permis de vous découvrir. Nos remerciements vont aussi tout particulièrement à notre collègue et ami Darius Polikaitis, directeur artistique de la chorale lituanienne Dainava à Chicago, pour avoir traduit ces échanges et nous avoir fourni un guide de prononciation fort utile.
VM Mes remerciements sincères à l’ICB pour m’avoir donné la chance de partager mes pensées. Naturellement, je reçois beaucoup d’emails avec un grand nombre de questions, et dans la plupart des cas il s’agit de s’enquérir d’où trouver ma musique. On peut consulter des informations sur mes œuvres sur le site Web www.mic.lt dans la section des compositeurs. L’information concerne seulement mes ouvrages imprimés par des maisons d’édition étrangères : Carus Verlag, Editions Ferrimontana, Schott Verlag, Allemagne; A Cœur Joie, France; CMEdiciones Musicales, Espagne; Astrum, Slovénie; Musica Baltica, Lettonie; earthsongs, Laurendale Associates, Santa Barbara, Etats-Unis. Des informations sur le chœur peuvent être visualisées sur www.azuoliukas.lt et mon email personnel est v.miskinis@azuoliukas.lt.
Mano gimtinė Ten, kur Nemunas banguoja Tarp kalnų, laukų Broliai vargdieniai dejuoja Nuo senų laikų. Ten močiutė užlingavo Raudomis mane, Į krūtinę skausmą savo Liejo nežinia. Girios ūžė ten, minėjo Praeities laikus, Kai lietuvis netikėjo, Jog belaisviu bus. Ten apleistos pilys griūva Ant kalnų aukštai; Milžinų ten kaulai pūva, Verkia jų kapai. Ten užaugau, iškentėjau Aš kančias visas Ir pamėgau, pamylėjau Vargdienių dūmas. O tos dūmos vargdieninės Griaužia kai kada, Tartum rūdys geležinės Amžina žaizda. |
There is my birth place Where the river Nemunas flows through the hills and plains, there our poor brothers lament their fate, as they have for ages past. There my mother rocked me to sleep with mournful lullabies, pouring her heartache into my bosom. There the forests moaned remembering the times of the past, when nary a countryman could have believed that he would be a slave. There abandoned fortresses lay in ruins On the hilltops high; they mark the resting places of giants, their weeping graves. There I grew up and lived through many hard times, and grew to love the common life. But ever so often, the memories of that life gnaw at me, As rust eats away at iron, As a permanent wound. |
Maironis (born Jonas Mačiulis, 1862–1932) is one of the most famous Lithuanian romantic poets. He is known as the “great poet of Lithuania’s rebirth”. Maironis, a Roman Catholic priest, lived most of his life under the Russian Czarist occupation. His patriotic poetry was at the forefront of a Lithuanian national revival that ultimately led to independence in 1918. The text of this piece is typical of Maironis’s creative oeuvre. In attempting to awaken his countrymen to their national identity, Maironis speaks lyrically of Lithuania’s beauty, of its glorious past, of its sufferings and struggles. Yet he identifies with and addresses the common man (rather than the aristocracy), for it is there that he sees hope for the future of Lithuania as a free nation.
Vowels:
a = [ʌ] (up) or [a] (far)
ą = [a] (far)
e = [ɛ] (met) or [æ] (cat)
ę = [æ] (cat)
ė = [e] (cafe)
i = [I] (sit)
į = [i] (sleep)
y = [i] (sleep)
o = usually [ɔ] (law), sometimes [o] (open)
u = [ʊ] (book)
ų = [u] (truth)
ū = [u] (truth)
Consonants:
c = [ts] (not [k])
č = [tʃ] (church)
g = [g] (good) – always hard
j = [j] (young)
r = rolled
š = [ʃ] (ship)
ž = [ʒ] (Zhivago)
Diphthongs:
ai = [ʌ:i] or [a:i]
au = [ʌ:u] (low) or [a:u] (down)
ei = [ɛ:i] (Beijing) or [æ:i]
ie = difficult to transcribe in IPA because its components are quite merged. I have tried to represent as [iɛə] – in sustained notes the ə (schwa) is sustained. An English equivalent would be “Vietnam”. I have also heard comparisons to “deer”, if the r is not pronounced.
ui = [ʊ:i]
uo = difficult to transcribe in IPA because its components are quite merged. I have tried to represent as [uɔ], – in sustained notes the [ɔ] is sustained. I have also heard comparisons to English “poor”, if the r is not pronounced.
Palatization:
An “i” before the vowels “a”, “ą”, “o”, “u”, “ų”, “ū” is not explicitly pronounced, but rather serves to soften, or pallatize the preceeding consonant. Therefore, “broliai” is not really [bro-lIʌ:i], but rather [[bro-lʌ:i] with the “l” softened. This is a bit difficult for non-native speakers, so a pronunciation of [bro-lIʌ:i] is acceptable, as long as the [I] is very quick. This is how I have transcribed the poetry above.
(Click on the image to download the full score)
MANO GIMTINĖ
“Mano Gimtiné Pronunciation” from Darius Polikaitis’s Album by Darius Polikaitis. Released: 2013.
AVE VERUM CORPUS
Formée par des expériences significatives et métamorphosantes dans des ensembles tels que le chœur symphonique d’Atlanta, le chœur symphonique de Chicago, le Conspirare, le chœur d’enfants Glen Ellyn, le Chœur de la Trinité, le Chœur de Jeunes de la Ville de New York, Cara Tasher a effectué ses études à l’université de Cincinnati-CCM, à l’Université du Texas à Austin, à La Sorbonne, et à la Northwestern University. Son calendrier comprend des concerts, des récitals dans des festivals et des ateliers, et la préparation d’ensembles professionnels aux Etats-Unis ainsi qu’à l’étranger, cette année aussi avec le chœur de l’orchestre symphonique de Jacksonville. Ses groupes ont effectué une tournée dans cinq pays auxquels s’ajoute l’Afrique du Sud en échange avec le chœur NMMU de Junita Van Dijk en mai 2012. Elle vit à Jacksonville, où elle est directrice des activités chorales à l’université de la Floride du nord. On l’a vue récemment en direct sur CNN diriger l’ouverture du débat national républicain 2012 en Floride. Courriel : ctasher@gmail.com
Traduit de l’anglais par Barbara Pissane (France)
Edited by Gillian Forlivesi Heywood, Italy