Graham Lack, compositeur et éditeur-conseil de l’ICB
Les collines boisées ralentissent le cours de la Saale. Les méandres de cet affluent de l’Elbe arrosent Hof et la ville universitaire de Jena, avant de couler vers Naumburg en une voie navigable par péniche à partir de là jusque Halle. Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’orge et la betterave sucrière étaient acheminées par voie d’eau. On aperçoit quelques villes plus petites de Thuringe, dont les noms s’affichent mieux sur les façades délabrées d’usines construites à proximité de la voie ferrée que dans les gares elles-mêmes : Probstzella, Oberloquitz (puisque Unterloquitz est en aval sur la voie) et Crölpa-Löbschütz : autant de toponymes témoignant de racines allemandes et tchèques à la fois. En traversant Saalfeld, les anciens bâtiments de la chocolaterie ‘Schokoladenfabrik Stollwerck-Sprengel’ s’offrent au regard. Au cas où vous vous poseriez des questions, le train est un ICE, modèle technologiquement avancé digne du savoir-faire allemand mais, comparé aux trains des voies plus anciennes, un peu moins “gemütlich” (confortables).
Nous nous rendions à Leipzig où se tenait, du 20 au 29 avril, le 13e Festival A Cappella. La ville offre des lieux prestigieux, en premier lieu le Gewandhaus (dont le maître de chapelle le plus célèbre fut Felix Mendelssohn-Bartholdy, et qui abrite aujourd’hui encore le Gewandhausorchester) et la Thomaskirche (dont Jean-Sébastien Bach fut Kantor de 1723 jusqu’à sa mort en 1750).
Le titulaire actuel, nommé en 1992, est Georg Christoph Biller, 16e Thomaskantor. Et bien que le concert en matinée du vendredi ne fît pas partie du programme, il fut une bonne entrée en matière pour une semaine de musique chorale : l’église était bondée, et je fus un des rares heureux élus qui entrèrent juste au moment où le célèbre Thomanerchor (fêtant en 2012 son 800e anniversaire) défilait vers l’autel. A l’instar de beaucoup de lieux de culte où vit une tradition musicale bien établie, l’acoustique est si bonne que même au dernier rang la polyphonie complexe du double motet Der Geist hilft unser Schwachheit auf que Bach écrivit en 1729 pour les obsèques de Johann Heinrich Ernesti, recteur de la Thomasschule, s’entendait clairement.
Le concert d’ouverture du festival est devenu une autre tradition, plus récente cependant. Il est donné par Amarcord, les célébrités locales, quelquefois dans la Peterskirche mais le plus souvent dans la salle Mendelssohn de la Gewandhaus. Cet ensemble remporta en 1995 le second prix dans la catégorie «Profane» lors du concours choral de Tolosa (Espagne), et reçut en 1999, à l’occasion du Festival de Musique Vocale de Tempere, le 3e prix ex-aequo avec le groupe finlandais Tsakku.
Le programme était librement construit autour d’œuvres d’Orlando di Lasso. Les cinq chanteurs d’Amarcord avaient apparemment effectué “une recherche assidue dans le cabinet de musique de Lassus”, y puisant “des villanelles entraînantes, madrigaux précieux et chansons de cour”. Les plaisanteries branchées de la Renaissance n’étaient pas très différentes des piques des musiciens d’aujourd’hui à propos de chanteurs en terrain difficile, ou de nez difformes : elles restent tout aussi amusantes aujourd’hui.
La soirée suivante fut celle de VOCES8, la crème de la Grande-Bretagne pour ainsi dire. Le concert se déroula dans un parc industriel dans les faubourgs de Leipzig.
Ce Theater-Fabrik-Sachsen est le local de prédilection du Théâtre d’Avant-Garde de Saxe. La compagnie a repris l’usine de peinture et vernis Lacufa GmbH, firme fondée en 1886, qui survécut à la RDA en produisant la peinture des omniprésentes Trabant. Les collectionneurs fervents de ‘Trabi’ recherchent encore de vieux stocks de peinture gris dauphin. Ce fut la première prestation de l’ensemble dans le festival. Il est regrettable que l’équipe technique ait provoqué quelque confusion en sonorisant les chanteurs, pratique jusqu’alors étrangère à leur éthique professionnelle. J’avais par hasard rencontré Florian Städtler au cours de la journée, le “reporter itinérant” et “principal auditeur” de Vocal Blog, depuis peu à la tête d’une solide base de fidèles. Il me dit son impatience d’entendre “cet ensemble vocal de niveau international” dont la réputation croissante est fondée sur le concept de “musique a cappella acoustique”. Au concours choral de Tolosa, en 2006, VOCES8 remporta les premiers prix de chant “Sacré” et “Profane”, après avoir déjà remporté, à Gorizia (Italie) en 2005, le premier prix et le prix des spectateurs lors du 44e concours de chant choral international ‘.A. Seghizzi’.
Leur programme ‘Aces High’ comporte des thèmes de bandes sonores de films de James Bond, et des airs classiques de Gershwin et Bernstein. Il repose sur un mélange onctueux qu’on ne saurait obtenir avec une amplification. C’était nouveau pour les organisateurs du festival et les équipes du Theaterfabrik Sachsen. De tels ratés sont, semble-t-il, inévitables. Et même si les sièges moelleux de la salle, dignes des cinémas des années 50, contraignirent VOICES8 à effectuer bon nombre de changements de programme de dernière minute, les chanteurs accomplirent leur tâche avec flegme et brio – au service (secret) de sa Majesté, cela va de soi.
La presse du lundi était pleine de compliments pour les manifestations du week end : ovations, deux rappels pour VOCES8, éloges pour Amarcord et Andreas Rehschuh, le directeur du théâtre qui avait personnifié di Lasso et lu à haute voix ses lettres. Ce fut un plaisir que de parcourir la presse locale dans ce havre de paix qu’est le Café Riquet. Ce lieu, à présent un café viennois, abrita auparavant un magasin de porcelaine. Il fut construit en 1908 pour un négoce fondé en 1745 de produits tels le thé et le cacao importés d’Afrique, de Chine et d’Orient. Le bâtiment était alors un des plus modernes de Leipzig, et il reste un rare témoin du Jugendstil dans le centre ville.
L’ensemble Heinavanker vient d’Estonie : leur nom provient d’une peinture d’autel de Hieronymus Bosch. Le tableau représente une énorme charrette de foin traversant un monde de douleur et de cupidité promis à la destruction. Mais une belle musique se fait entendre au sommet du chargement : atteint-elle le cauchemar grouillant en bas ? Leurs prestations, construites autour d’un noyau de polyphonie vocale primitive, mêlent des éléments d’art iconique sacré et de la musique liturgique. Heinavanker s’appuie également sur des airs populaires anciens d’Estonie qui décrivent les bons et les mauvais côtés de la vie. Un de leurs chants de prédilection figure parmi les exemples distinctifs les plus anciens de la culture estonienne : c’est un chant runique pré-chrétien de la région de Kadrina, simplement intitulé “Loomiselaul” (La Création). Le sujet est un oiseau qui construit son nid dans un paddock, pond et fait éclore des jeunes. Un des oisillons devient le soleil, le second la lune, le troisième une étoile, et le quatrième un arc-en-ciel. La tradition vocale associée à ces chants remonte peut-être à plusieurs millénaires.
Depuis 1988, l’ensemble a entrepris beaucoup de tournées de concerts notamment en Finlande, en France, en Allemagne, en Pologne, en Scandinavie et en Suisse. Il a participé au Festival de Musique Ancienne de Moscou et au Festival Aarhus (Danemark). Il a été invité à l’exposition de l’an 2000 à Hanovre et s’est produit lors de nombre de grandes manifestations musicales et culturelles estivales en Allemagne : le MDR Musiksommer, Nordhessen Kultursommer, Schönberger Musiksommer, Internationale A Cappella Woche Hannover, Hohenloher Kultursommer, Uckermärkische Musikwochen, Heilbronner Kirchenmusiktage, Musiksommer Mecklenburg-Vorpommern, and Kloster Zinna Sommermusiken. Finalement, il a fait une tournée aux USA en 2006. Il s’est beaucoup produit à la radio et à la télévision.
Lors de sa représentation en la Thomaskirche de Leipzig, Heinavaker associa des mouvements de messes de Jean de Ockeghem (1417-1497) et d’anciens chants runiques. Leurs concerts explorent le rapport entre la solennité des morceaux contrapuntiques de la Renaissance qui reflètent l’esprit courtois, religieux et scientifique de l’époque, et la musique méditative monophonique et monacale du Moyen Age. L’Estonie est peu peuplée, et il est surprenant de constater le nombre de morceaux de chœurs sacrés produits à une époque aussi reculée. Ces œuvres montrent une solide influence de la musique populaire, dont la vitalité traduit peut-être un éveil religieux précoce. La pierre angulaire du programme de Leipzig ‘Entre cloîtres et masures’ demeura Ockeghem, dont la musique parfois mystérieuse trouve un équilibre surprenant entre des constructions mathématiques masquées et des mélodies en apparence spontanées. Ces œuvres sont si exigeantes pour les chanteurs que les présenter est un test de courage. A cela était opposé un cadre de chants populaires comme Haned kadunud ou Loomine, ce dernier excellemment chorégraphié.
En me promenant dans Leipzig le lendemain, je m’efforçai d’éviter les nombreux bâtiments et lieux touristiques tels le “Zillstunnel” où les clients s’entassent dans différents établissements qui s’alignent à présent en un long restaurant sans caractère. Mais je fus récompensé à l’approche de l’“Alte Handelsbörse“. Qui a besoin de Wall Street ? La ‘Vieille Bourse’ achevée en 1687, à la fin de la guerre de Trente ans, est de style baroque. Elle fut conçue pour être un bâtiment où les marchands du monde entier puissent se rencontrer. Elle abrite aujourd’hui des congrès scientifiques, des réunions d’entreprises et des réceptions privées, ainsi que beaucoup d’événements littéraires et musicaux.
“Hourrah, les revoilà” proclamait l’affiche du festival : LALÁ, un des lauréats du concours A Cappella de Leipzig de 2011, revenait au festival, cette fois dans l’”Alte Handelsbörse”. Ces quatre “Autrichiens charmants peuvent même séduire la jeunesse par leur amour du chant”, poursuivait la présentation. Les concerts familiaux sont devenus incontournables dans de nombreux festivals, et c’est une très bonne idée. A peine sur scène, LALÁ dégage une fantaisie insolite. Leurs histoires émouvantes prennent leur essor sur les ailes du chant et aident les auditeurs, jeunes et moins jeunes, à pénétrer le monde du chant a cappella.
La marque de fabrique de Nordic Voices, le groupe vocal norvégien, est un large éventail de formes musicales. Comme beaucoup d’ensembles a cappella contemporains, ils cherchent à associer dans leurs programmes musique ancienne et musique contemporaine. Le thème de leur présentation en l’Evangelisch-reformierte Kirche de Leipzig était simplement ‘La nature’. Plusieurs des œuvres choisies reposaient sur l’onomatopée, les phénomènes naturels saisis dans la plus pure beauté du son vocal.
Johannes Ciconia (env. 1370-1412) est une figure centrale de la musique ancienne, un trait d’union entre la période médiévale et la Renaissance. Il naquit en Flandres et migra en Italie à la fin du XIVe siècle, travaillant à Padoue et à Rome. Son style harmonique caractérisé par des rythmes enlevés dans le discantus et une nouvelle richesse sonore qui favorise l’utilisation de tierces est très ‘moderne’, d’une certaine façon, et reflète la montée de l’into-nation Pythagoréenne. De récents concerts de Nordic Voices proposent un motet de Ciconia à propos des rayons du soleil, associé à une nouvelle œuvre du compositeur norvégien Lasse Thoresen sur le même sujet. Ce sont là les fondements musicaux et historiques du programme lui-même.
Titulaire du Mendelssohn-Saal, Kraja est une des découvertes les plus remarquables de la musique vocale suédoise.
Quatre jeunes chanteuses se fondent en un unique instrument qui fait entrer dans l’intimité des sonorités particulières, harmonies enchanteresses, de la musique populaire scandinave. Kraja se compose de Lisa Lestander, Linnea Nilsson, Frida Johansson et Eva Lestander, toutes originaires d’Umeå au nord de la Suède.
Elles se sont associées au printemps 2002 pour, pensaient-elles, une seule date lors du festival de musique populaire d’Umeå. Leur répertoire comporte leurs propres arrangements de chants suédois traditionnels, de chansons d’amour, d’airs de danse, de cantiques, et aussi leurs propres compositions. Kraja a fait des tournées en Allemagne, Finlande, Norvège, Danemark, Ukraine, Russie, Autriche et Estonie. Leur album ‘Under himmelens fäste’ est sorti en juin 2008, et plus tard la même année ‘Skaren: Norrland III’ en association avec Jonas Knutsson et Johan Norberg. Mélanger les chants, traditionnels et nouveaux, donne à leurs programmes un naturel surprenant.
De retour au Theater-Fabrik-Sachsen, Cap Pela, de Majorque, donna un concert qui a ravi l’auditoire. Outre des adaptations de chants connus de la musique pop et de bandes sonores de films, ils avaient apporté des arrangements originaux d’airs catalans. Leurs acrobaties vocales sont du plus haut niveau, dans une mise en scène désinvolte et joyeuse.
L’église Peterkirche, dans laquelle l’artiste du son Ambrose Field et l’ancien ténor de l’Ensemble Hilliard, Jack Potter, ont accompli un voyage électronique de découverte à rebours jusqu’à la Renaissance, n’est pas la chapelle augustinienne fondée en 1213 dans le village de Saint Petri.
L’édifice originel fut reconstruit sous la forme d’une ‘halle-église’ en 1507 et repris par la ville en 1539 à des fins séculières avant d’être rénové en 1712 et ouvert au culte luthérien. Il fut remplacé en 1886 par une nouvelle Peterskirche située Schletterplatz, puis ensuite démoli.
Dans l’actuelle bâtisse néo-gothique, Potter chanta des fragments d’œuvres de Guillaume Dufay que Field dédoubla et modifia informatiquement pour créer un nouveau matériau. Le résultat est un son contemporain qui, d’une certaine façon, conserve l’essence de la polyphonie vocale franco-flamande du XVe siècle. Une présentation multimédia, des séquences vidéo de Michael Lynch choisies pour s’accorder avec la collaboration, donna à la soirée une tonalité meditative.
On cherche en vain l’autocar de tournée des chanteurs d’Audiofeels. Ils n’en ont pas, car ils réussissent toujours à réunir des percussions, une guitare électrique, une contrebasse, une trompette et tout un orchestre à cordes… produits par leurs seules voix. Chaque chanteur jouit de facultés tout à fait remarquables. Ainsi le groupe donne-t-il une nouvelle vie aux tubes de rock et de pop de Michael Jackson, des Bee Gees, de Quincy Jones ou des Red Hot Chili Peppers. Rien n’arrête ces nouveaux venus polonais. Ils gagnèrent les cœurs du jury et du public lors du concours A Cappella de Leipzig l’année dernière. Ils ont cette année fait vibrer l’enceinte de Werk-2. Lieu approprié, Werk-2 fut érigé en 1848 pour y construire des compteurs à gaz. L’usine ferma en 1952 et commença à produire des machines servant à contrôler la qualité sous le régime de la RDA. Elle devint un centre artistique en 1992 (lors de la réunification allemande) puis fut achetée par la ville en 1996 pour en faire un centre socio-culturel. Les bâtiments furent entièrement rénovés en 2004 par Augustin & Imkamp. Une année plus tard, on y instaura le ‘marché de Noël alternatif’, très populaire depuis lors.
Le dernier lieu du festival, Schaubühne Lindenfels, date de 1876. C’était à l’origine une piste de danse. Elle ferma pendant quelques années et rouvrit en 1900, au moment où la ‘Gesellschaftshalle zu Lindenau’ fut vendue à la brasserie Zwenkau Otto Besser, qui la rebaptisa ‘Schloss Lindendfels’. Ce fut bientôt l’âge du cinéma, et on y projeta les premiers films en 1913. Le bâtiment connut bien d’autres changements, devint en 1940 le ‘Lichtspieltheater Lindenfels’, et subit un accident dévastateur dans la chaufferie. Il fut repris en 1993 par une association d’amis soucieux de sa conservation, et rouvrit un an plus tard sous le nom qu’il porte à présent. L’association fit faillite en 2002. Une nouvelle association, ‘Verein für Internationale Theaterkundungen’ leva des fonds pour le sauver, avec l’appui d’un investissement du Bureau des Affaires Culturelles de la ville de Leipzig.
Le programme du festival claironnait : “Mesdames et messieurs, cette soirée va être chaude ! Quatre hommes, quatre micros, aucun instrument : telle est la formule aisément reconnaissable de Cadence”.
Pour sûr : les harmonies serrées, les habiles imitations d’instruments et l’humour décapant de ces quatre Canadiens charismatiques étaient conçus pour nous transporter, loin du Schaubühne Lindenfels, dans un jazz Club étasunien des années 40. Quelques interprétations raffinées de classiques de jazz sont très enlevées, et le groupe se les approprie pleinement.
Le festival A Cappella de Leipzig est devenu au cours des ans une sorte de Mecque pour les amateurs de musique vocale. Les chanteurs d’Amarcord n’ont pas de repos, les pauvres, et sont attentifs à tous les besoins de leurs hôtes même si on peut penser que, un peu comme lors d’un grand repas, les hôtes, en tout point excellents par ailleurs, sortent rarement de la cuisine et, quand cela se produit, ils n’ont pas le temps de s’occuper d’eux-mêmes. Il manque aussi un lieu central où spectateurs et artistes puissent se rencontrer le soir. Mais c’est dans la nature des choses dans une grande ville dotée de beaucoup de théâtres, salles de concerts, églises et lieux de réception loin des sentiers battus. La tendance d’un nombre croissant d’ensembles à utiliser des micros, voire d’être complètement sonorisés le plus souvent, est le symptôme plutôt que la cause d’un certain malaise du genre. On ne peut guère en faire grief à un festival. Un lieu et ses qualités sonores jouent bien sûr un rôle déterminant; mais il est au moins un groupe bien connu qui, depuis plusieurs décennies maintenant, s’est enorgueilli de toujours chanter a cappella sans micro, sauf en de rares occasions où il n’y avait aucune autre possibilité.
Il y a un autre ensemble vocal basé à Leipzig, Calmus, excellent groupe, mais qui n’a semble-t-il pas participé au festival A Cappella depuis près d’une décennie. C’est étrange, considérant leur Prix Spécial du Développement Artistique reçu à Leipzig en 2003 et l’attribution des premiers prix “Sacré” et “Profane” lors du prestigieux concours de Tolosa en 2005.
Mon train m’attendait. Sans devoir changer à Naumburg cette fois. L’autrefois grandiose Hotel Astoria, à présent décrépit, s’éloignait. (N’est-il pas temps que la ville trouve un investisseur pour le rénover, avant qu’on ne dépose devant la gare d’autres cubes modernes de verre et d’acier?) Mais la satisfaction me gagna vite, la joie de regarder un paysage quasiment privé de couleurs, hormis de temps à autre un champ de colza en fleur. En traversant Saale-Unstrut où s’étend le vignoble le plus septentrional d’Europe (bien au-delà de 51 degrés de latitude), le soleil du début du printemps faisait un effort désespéré pour réchauffer le sol. Les principaux traits géologiques sont des rochers patinés de calcaire et de grès, du terreau argileux et de la terre cuivrée. Ces lieux reçoivent beaucoup de soleil, mais peu de pluie. Avec des précipitations annuelles avoisinant seulement 500 millimètres, Saale-Untrust est une des régions viticoles les plus sèches d’Allemagne. Elle a un ‘hiver polaire’ très froid. Des températures atteignant moins 20 ne sont pas rares. Les ceps gèlent. Mais selon les bons conseils reçus à la petite ‘Vinothek’ en ville, j’emportais quelques bouteilles d’un excellent Riesling du ‘Weingut Schloß Proschwitz Prinz zur Lippe’. Zum Wohl!
All photos: Holger Schneider & Uwe Schürmann © DREIECK MARKETING, except Andreas Rehschuh (© HL Böhme), Gewandhaus, Werk2, Alte Handelsbörse & Peterskirche (© LTM Schmidt), Mendelssohn-Saal (© Jörg Clemen), Hainavankar (© Hainavankar) & Theaterfabrik Sachsen (© Theaterfabrik Sachsen).
Graham Lack a étudié la composition et la musicologie à Goldsmith’s College et King’s College à l’Université de Londres (BMus Hons, MMus), la pédagogie de la musique à Bishop Otter College au sein de l’Université de Chichester (Diplôme d’Etat). Il s’installe en Allemagne en 1982 (thèse de Doctorat à l’Université Technique de Berlin). Il a occupé un poste d’assistant en musique à l’université du Maryland (1984-1992), présidé les symposiums de Musique Finnoise Contemporaine (Université d’Oxford, 1999) et le premier Symposium International des Instituts de Composition (Institut Goethe, 2000). Il contribue au Dictionnaire Grove et à Tempo. Ses oeuvres à cappella comprennent “Sanctus” (pour Queen’s College, Cambridge), “Gloria” (pour choeur, orgue et harpe), “Two Madrigals for High Summer”, “Hermes of the Ways” (for Akademiska Damkören Lyran), et un cycle pour les King’s Singers, “ESTRAINES”, enregistré chez Signum. Le Choeur Philharmonique de Munich a récemment commandé “Petersiliensommer” (SSA/ SAA, harpe) et “The Legend of Saint Wite” (SSA, quatuor à cordes) a remporté le prix de la BBC en 2008. La première de REFUGIUM (choeur, orgue et percussion) a été donnée par le Trinity Boys’ Choir à Londres en 2009 et l’oeuvre sera enregistrée en public à Munich en 2012. Voces 8 a récemment enregistré deux des “Four Lullabies” en vue d’une sortie pour Noël. Parmi ses oeuvres récentes , on dénombre “Wondrous Machine” pour le multi-percussioniste Martin Grubinger, “Five Inscapes” pour orchestre de chambre et “Nine Moons Dark” pour grand orchestre. Parmi les premières de la saison 2010-2011 figurent le trio à cordes “The Pencil of Nature” (musica viva, Munich), “A Sphere of Ether” (commandée par Young Voices of Colorado), un cantique “The Angel of the East”, et la première autrichienne de “Sanctus” par le Salzburger Bachchor. Les futurs projets sont A First Piano Concerto pour Dejan Lazić, et “The Windhover” (violon solo et orchestre) pour Benjamin Schmid. Membre correspondant de l’Institut des Etudes Musicales Avancées de King’s College, London, participant régulier aux conférences de l’ACDA. Publié par Musikverlag Hayo, Schott Music, Josef Preissler, Tomi Berg. Courriel: graham.lack@t-online.de
Traduit de l’anglais par Claude Julien (France)